Pierre Philibert Dubreuil, sculpteur, Grasse (Alpes-Maritimes, France).
Né en 1959 à Lyon (Rhône, France), dernier d’une fratrie de 7 enfants.
Sa famille déménage dans le midi en 1966, il grandit à Agay, à proximité des monolithes de rhyolithe rouge du cap Dramont, du Rastel d’Agay et du majestueux Cap Roux.

La minéralité rugueuse des paysages, l’explosion des couleurs de la pierre se détachant sur les bleus du ciel et de la mer ont accompagné son enfance et aiguisé ses sens… Il aime déjà travailler le bois, sculpter la matière, sentir les surfaces en laissant courir ses mains sur les courbes du bois flotté …
« Il y a déjà un artiste dans la famille ! », où comment anéantir les espoirs d’un tout jeune titulaire du baccalauréat qui rêvait de faire les beaux-arts. « Tu seras biologiste et embrassera une carrière scientifique »… ainsi fût-il dit, ainsi fût-il fait… Dernier d’une grande fratrie et respectueux d’un père adoré mais autoritaire, il embrassera une carrière médicale qui le conduira de la faculté de pharmacie aux centres de recherche du CNRS et de l’Inserm, puis au laboratoire familial de Cannes…
Les vicissitudes de la vie lui rappelant le proverbe « chasser le naturel, il revient au galop », ils’ensuivitune formation aux Beaux-Arts de Cannes en 2009-2010 (dessin, pastel, peinture…), « un bon exercice pour renouer avec les couleurs », puis ensuite deux années dans les cours d’Anca Sonia à Grasse en 2013 et 2014 « le dessin académique et le modelage » …C’est finalement Elena Di Giovanni, artiste sculpteur établie à Tourrette-Levens qui déclenchera chez lui le déclic de la sculpture non figurative : « tout est possible si tu es minutieux et rigoureux, patient et habile… la terre a son rythme qu’il faut respecter »…
En suivant ses cours de modelage, en appliquant ses secrets de collage, d’assemblage, en respectant de séchage, il perfectionne sa technique de création de pièces de plus en plus ambitieuses techniquement… il entrevoit alors les multiples possibilités techniques et créatives. L’argile à l’état brut et humide se travaille facilement et à l’infini… La perspective d’un exutoire créatif s’offre alors à lui. Lui, qui depuis des années, ressent au plus profond un appel artistique de plus en plus pressant… l’argile va devenir le moyen de transcrire concrètement son cheminement artistique.
Depuis cette expérience et en marge de son activité professionnelle, Philibert Dubreuil va donc patiemment développer et éduquer sa vision…
« J’espère avoir le sens inné de l’esthétique de la courbe, de l’entremêlement des formes, de l’équilibre des masses, de la force dans le dépouillement, de la densité des volumes pour créer des structures qui se veulent brutalistes, dans la tradition de sculpteurs tels que Constantin Brancusi, Jean Arp, Henri Moore, Barbara Hepworth, François Stahly ou Parvine Curie, mais aussi d’architectes tels que Le Corbusier ou Frank Gehry… J’aime à élaborer des sculptures d’ornement et de décoration, j’aime jouer avec la temporalité de la terre, j’aime l’émaillage avec son lot de bonnes surprises… »

« Les Amaryllis »

« La porte étroite »

« Les chemins noirs »
L’atelier : 29, route de Mouans 06130 Plascassier (commune de Grasse, Alpes-Maritimes).
Atelier installé à Plascassier (commune de Grasse), équipé d’une crouteuse et d’un four à céramique… le rendant autonome pratiquement et temporellement.
« Le travail à l’atelier est un plaisir, c’est prendre du temps pour soi, s’extraire des bruits pour retrouver son enfant intérieur et ses rêves enfouis, oublier toutes les contingences, se libérer du connu pour retrouver une liberté indispensable propice à la création, renouer avec le spirituel, communier avec la matière… »
La création :
La plupart de ses sculptures sont « enracinées » sur un socle, un support, une base solide, prétendant ensuite à la légèreté par une recherche d’apesanteur et d’élancements, mimant son appétence pour la spiritualité à laquelle tout à chacun accède en vieillissant…
Le processus créatif passe souvent par un dessin sommaire couché sur une feuille de papier. C’est de là que partira la création avec pour leitmotiv la recherche de la beauté et de l’harmonie, de la puissance de la structure, avec toujours le challenge de la complexité…
« Mes sculptures naissent autant des incertitudes, des tâtonnements, des rajouts, des accidents de parcours que des décisions, ce que l’on qualifie de sérendipité… »
La pratique de l’émaillage arrive ensuite, l’assortiment des couleurs ayant pour but final le fait de trouver une fonction décorative, « une force vivante », transcendant l’aspect esthétique des sculptures en ayant un impact profond sur nos émotions et nos perceptions.
« Le grès est une matière « vivante » pendant le processus créatif, passant de sa consistance molle à sa consistance « cuir » avant de finalement durcir… chaque phase de cette évolution permet d’adapter son geste et sa pratique avec divers outils. Il est ainsi le vecteur qui permet d’exprimer ma pensée et mes émotions. »

« Créer de sublimes courbes qu’on a envie de caresser, inventer des dévers et des bosselages qui accrocherons la lumière… sont des raisons qui me font aimer la sculpture. »
« Je me demande si mes pièces réussissent à transmette ce que j’ai voulu leur insuffler, si elles arrivent à « parler » à ceux qui les regardent, à susciter l’émotion que j’ai ressenti en les façonnant. Mes œuvres sont des fragments d’une quête intime, une recherche de sens, un espoir de permettre à chacun d’y trouver une part de lui-même… »
Expositions :
- Art Collect Store, novembre 2023, Monaco
